> Marcel Bocquet
Les présidents des Amys du Vieux Dieppe de 1912 à nos jours
4ème Président des Amys du Vieux Dieppe, de 1928 à 1935
Marcel Bocquet fut un homme de culture et de grande curiosité d’esprit. Son éclectisme méritait l’admiration. Tout le monde l’écoutait… surtout quand il fut Premier violon dans l’orchestre du Théâtre des Arts, à Rouen.
Né le 11 janvier 1880, à Mont-Saint-Aignan, Seine Maritime (Inférieure à l’époque), un faubourg proche de Rouen, il habita cette dernière ville jusqu’en 1919, après avoir fait ses études chez les Frères des Ecoles Chrétiennes, dans le quartier Saint Gervais.
Ses études achevées, il crée à Rouen un cabinet d’assurances fluviales. Tout en conservant ce cabinet d’assurances, il fonde à Dieppe, en 1910, les laboratoires « La Biomarine », rue Théophile Gelée, dans le « Bout du Quai », pour être plus près de l’eau de mer, principe actif du Marinol et d’autres médicaments.
A la fin de la guerre de 1914-1918, c’est le transfert en 1919 du laboratoire dieppois, de la rue Théophile Gelée au 18 de la rue Montigny, dans un terrain d’un hectare abrité de falaises marneuses, antérieurement exploité pour l’extraction de la marne par une famille anglaise, les Taylor. Marcel Bocquet devient donc propriétaire et patron des laboratoires « La Biomarine », tout en menant de concert ses activités rouennaises. En 1925, il vend son cabinet d’assurances de Rouen pour se consacrer entièrement à « La Biomarine ».
En 1930, il achète les Cidreries du Calvados, à Livarot, et en devient le P.D.G. Son fils Jean devait ensuite lui succéder.
Marcel Bocquet épousa entre temps, en 1911, en l’église Saint Jacques, une Dieppoise, Geneviève Mouquet, 6ème enfant d’une nombreuse famille, dont les parents habitaient place Nationale (près du fleuriste Sutton), et dirigeaient une importante alimentation de gros donnant rue de la Boucherie, face à l’église Saint-Jacques. L’établissement fut détruit par un incendie en 1934. C’est de nos jours l’emplacement du cinéma Rex.
De cette union sont nés :
Odette, née en 1912 à Rouen, (elle a épousé Roger Thoumyre, famille d’Arques et de Dieppe) ;
Jean, né en 1914 à Rouen ;
Marie Rose, née en 1922 à Dieppe, (décédée en 1998) ;
Claude, née en 1929 à Dieppe, (décédé en 1938).
Marcel Bocquet habita sucessivement : à Rouen, chemin des Cottes, (jusqu’à son mariage en 1911) ; à Rouen, 12 rue Walter (près de la gare rue Verte), jusqu’en 1919 ; à Dieppe, 21 rue des Fontaines, jusqu’en 1940 ; à Salies -de-Béarn, de mai 1940 à octobre 1942 (situation de repli lors de l’invasion allemande) ; à Saint-Jean-de-Braye (Loiret, annexe de « La Biomarine », de 1942 à 1944).
Il entra au Conseil d’Administration des Amys du Vieux Dieppe en 1926, au temps du Président Fernand Miellot. Il devint secrétaire-adjoint en 1927, puis Président de 1928 à 1935.
Il succèda donc à Fernand Miellot et c’est Georges Guibon qui le remplaça.
Son fils Jean, habitant Paris de nos jours, nous rappelle encore quelques souvenirs dans une récente correspondance. Il avait 11 ans en 1925, et il se souvient vaguement de l’inauguration, le 6 septembre de cette année-là,du monument surmonté du buste élevé à Guy de Maupassant, à l’entrée du château de Miromesnil. Il conserve certes, un souvenir plus précis de l’inauguration de la statue de Jean Vauquelin, en septembre 1930. Il y fut présent avec son père.
Jean Vauquelin, officier de marine originaire de Dieppe, s’était battu héroïquement en 1758 et en 1760 pour la défense de la présence française au Canada. A l’occasion de ces manifestations franco-canadiennes, les évêques de Montréal et du Québec avaient été reçus par ses parents au 21 rue des Fontaines.
A propos des cérémonies d’inauguration de la statue de Jean Vauquelin, le 14 septembre 1930, Marcel Bocquet, Président des A.V.D, prononça une allocution parmi beaucoup d’autres. Nous avons retrouvé le texte dans le bulletin des années 1931 et 1932. Son fils Jean s’en souvient bien. Il le lui avait donné à lire auparavant. Il se rappelle encore cette phrase liminaire : « Ce n’est ni l’heure, ni le lieu des polémiques ». Cette phrase faisait allusion à une contestation sur le lieu d’implantation de la statue, sur l’espace entre le vieux château et la mer. Certains pensaient que c’était beaucoup d’honneur d’attribuer à Jean Vauquelin un site assez prestigieux, très en vue de loin dans un isolement solennel, alors que, plus célèbre, Abraham Duquesne avait sa statue place Nationale mais noyée au milieu du marché. Quant à Jehan Ango, seuls un collège et une modeste rue, à l’époque, portent son nom.
Marcel Bocquet aimait les sorties archéologiques et historiques. Pour les A.V.D., il a organisé des visites de sites archéologiques profanes ou religieux, châteaux et églises : la Trinité de Fécamp, le Bourg-Dun, la collégiale d’Ecouis, Saint Georges de Boscherville, Saint Wandrille, le château Gaillard, Mesnières, manoir d’Ango, Eu, etc.
Il avait une passion pour l’archéologie, et souvent à l’occasion de festivités en notre ville,il invitait chez lui Marcel Aubert, président de la Société Archéologique de France. C’était un ami de longue date et Marcel Bocquet, passionné, ne ratait jamais la « Quinzaine archéologique de France » pilotée à chaque printemps par Marcel Aubert, lui-même ex-élève d’Emile Mâle, le grand spécialiste du XIIIème siècle.
Son fils Jean Bocquet se souvient encore de son père, installé dans sa bibliothèque, au 21 rue des Fontaines à Dieppe, lisant et relisant souvent beaucoup d’ouvrages d’archéologie et d’histoire de sa collection touchant notamment la région dieppoise. Malheureusement tous ces ouvrages ont été détruits par la guerre et d’autres événements.
Marcel Bocquet devait décéder le 11 novembre 1944, à Saint-Jean-de-Braye, dans le Loiret. C’était aussi un musicien de grand talent. Ne fut-il pas, avant son mariage en 1919, Premier Violon dans l’orchestre du Théâtre des Arts, à Rouen ?
Claude Féron