> Camille Coche
Les présidents des Amys du Vieux Dieppe de 1912 à nos jours
1er Président des Amys du Vieux Dieppe, de 1912 à 1922
En 1937, lors du 25ème anniversaire des A.V.D, s’adressant au Président Georges Guibon à propos de Camille COCHE, le Colonel de Prémare, alors président des « Amis du Vieil Eu », déclarait :
« Vous avez eu la chance d'avoir eu pour parrain un édile épris de la grandeur de sa Cité, et qui a donné d'emblée à votre société un essor magnifique. »
Le colonel de Prémare ne s’était pas trompé, les « Amys du Vieux Dieppe » ont eu cette chance.
Né à Paris le 10 janvier 1851, Camille-Eugène-Michel Coche était le fils de Paul Coche, Commissaire de la Marine, et le petit-fils de Charles Coche, avoué à Paris, qui fut secrétaire-général du Ministère de la Justice, alors que M. Persil était Garde des Sceaux.
Arrière-petit-fils par sa mère, Marie Caroline Baudouin, d’un imprimeur-libraire-éditeur, lequel, propriétaire du « Journal des Débats », avait été élu député suppléant du Tiers aux Etats Généraux de 1789 et fut le fondateur du « Logographe », ancêtre du Journal Officiel.
Camille Coche fit ses études au Lycée Louis-le-Grand. Il les achevait lorsqu'éclata la guerre de 1870-1871. Il s'engagea alors dans la Garde Nationale de Paris, et la paix revenue, il fit son droit, passa la licence, devint clerc d'avoué, puis principal clerc dans une étude parisienne et fut nommé avoué près le Tribunal de Première Instance de Dieppe, le 30 avril 1885.
Elu conseiller municipal le ler mai 1892, au scrutin de ballottage, il devenait la même année deuxième adjoint dans la municipalité d'Etienne Rimbert. En 1895, le 16 juin, il était choisi comme premier adjoint en remplacement de M. Déperrois démissionnaire.
Pendant les quatre années où il remplit ses fonctions d’adjoint, Camille Coche joua un rôle important dans la Cité. Son dévouement lors de l’épidémie de choléra de 1892 lui valut un diplome d'honneur des Sauveteurs dieppois et une médaille de bronze du Ministère de l'Intérieur. Il eut à s'occuper de la protection des eaux des sources de Saint-Aubin-sur-Scie, des travaux de la plage, de l'assainissement des logements insalubres, règla un important procès qu'avait la Ville au sujet de la construction des Abattoirs, mit au point la protection des enfants du premier âge, etc. Il publiait en 1894 une brochure fort documentée ayant pour titre « Mémoire pour Servir à l'étude de la question de la plage à Dieppe ». Il s'occupa des« Enfants de Wilhem », dont il était administrateur depuis 1892. C'est en 1895 qu'il fut nommé membre de la Commission des H.B.M. Il devait, jusqu'à la fin de sa vie, s'intéresser activement aux questions du logement ouvrier et de l'accession à la petite propriété. Membre du Comité de patronage des H.B.M. depuis 1911, il conserva, même après son départ de Dieppe, les titres de vice-président de la Société des H.B.M. et de vice-président du Crédit Immobilier.
En 1896, l'« affaire du Calvaire » élevé dans le tout nouveau cimetière de la rue Montigny entraîna l'élection d'une nouvelle municipalité, et Camille Coche se trouva pendant un peu plus de deux années écarté de l'Hôtel de Ville. A la fin de l'année 1898, la municipalité Albert Roger démissionna. De nouvelles élections eurent lieu. Camille Coche fut réélu, et, aussitôt, nommé maire. Il devait le rester pendant douze ans, jusqu'au 21 septembre 1910, date à laquelle il se démit de ses fonctions en demeurant toutefois conseiller municipal jusqu'en 1919.
Sa gestion municipale fut marquée par des initiatives et des manifestations d'une grande importance : construction et développement de Cités ouvrières en collaboration avec Paul de Laborde-Noguez ; restauration du Théâtre de la Duchesse de Berry et de la salle des fêtes ; aménagement d'un champ de manoeuvres pour la garnison permettant de réserver la plage aux touristes et aux habitants ; création du boulevard maritime (inauguré en 1901), avec abris pour les promeneurs, etc. Telle fut l'oeuvre utile accomplie par Camille Coche, secondé par la Municipalité et le Conseil Municipal. Il y eut également, sous sa magistrature, un congrès des Pêches Maritimes organisé à Dieppe ; et Camille Coche publia à cette occasion, en collaboration avec le docteur Steeg, un article fort pertinent sur « l'Hygiène du Pêcheur ». Son administration fut à la fois sage et non dépourvue de hardiesse.
Délégué cantonal depuis 1893, Camille Coche avait été nommé officier d'Académie en 1898, officier de l'instruction publique en 1903. Il reçut la Légion d'honneur le 23 juillet 1905. Il veillait attentivement au développement de toutes les société locales, de celles principalement qui avaient un caractère social ou sportif. Il était président d'honneur du F.C.D. Il obtint que le Grand Prix de l'A.C.F. fut couru, deux années de suite, en 1907 et en 1908, aux portes de Dieppe. En 1911, il fut nommé membre de la Commission administrative des Hospices, et recevait la même année le Mérite agricole.
Tout en se consacrant largement aux affaires de la Ville, il continuait à gérer très activement son étude. En 1909, il était président du Syndicat d’Initiative et de 1905 à 1910, il présida également la Chambre des Avoués.
A la déclaration de guerre en 1914, Camille Coche fut désigné pour présider la Commission des Secours de Guerre. En 1915, il accepta également d'entrer dans le Conseil d'Administration des Orphelins de la Guerre. En 1920, il était décoré de l'Ordre de Léopold.
Nommé juge de paix honoraire et avoué honoraire en juin 1922, il quitta alors ses affaires professionnelles, après s'être déjà retiré depuis trois ans des affaires publiques. Il devait, en reconnaissance des services rendus aux oeuvres sociales, recevoir en 1923 la médaille d'argent de la Prévoyance et, en septembre 1930, la médaille d'or.
Les vingt dernières années de son existence, Camille Coche les passa dans une retraite absolue. Il s'était fixé à Paris, dans la calme maison de « La Providence », rue des Martyrs, où il prenait soin de la bibliothèque de l'établissement.
Il vivait là, entre ses livres et ses souvenirs. A de très rares intervalles , on le voyait revenir à Dieppe. C'était, d'ordinaire, à l'occasion d'une élection municipale ou législative, car il entendait donner jusqu’au bout l'exemple de la fidélité au devoir civique.
Un lent travail de réflexion, de méditation, l'avait peu-à-peu ramené aussi à la pratique de la religion. Ses livres de chevet étaient les Evangiles et l’Imitation, où il puisait, dans la solitude, après une longue carrière publique et une vie professionnelle si bien remplie, la consolation, la résignation et l’apaisement.
Camille Coche mourut à Paris le 18 juillet 1941.
André Boudier, alors Secrétaire des Amys du Vieux Dieppe, Bibliothécaire-adjoint et archiviste à la bibliothèque municipale de notre ville, ne pouvait guère oublier le Président-Fondateur des « Amys du Vieux Dieppe » en lui rendant hommage dans « La Vigie de Dieppe », le vendredi 8 août 1941.
La presse locale, régionale et départementale avait déjà rendu un hommage mérité à la mémoire de Camille Coche, ancien maire, âgé de 90 ans, qui venait de disparaître à Paris.
Les « Amys du Vieux Dieppe » se doivent de rappeler le rôle important rempli dans la Cité par celui qui fut l'un des créateurs de leur Association, leur premier Président, leur fidèle collaborateur.
Les origines de Coche le destinaient tout naturellement à prendre part à la vie maritime et administrative de notre ville. Elles le conviaient aussi à s'instruire de son passé historique et à poursuivre la conservation de son patrimoine artistique.
Dès son arrivée à Dieppe en 1885, il s'intéressa au développement de notre port, à la pêche, à l'hygiène du marin, à l'embellissement de la plage. Il se spécialisa comme successeur de Maître Macqueron, avoué, dans les affaires contentieuses.
Camille Coche, tout en étant un bibliophile averti, devait se préoccuper des affaires politiques de notre ville. Enfin, il avait hérité de ses aïeux, les peintres du XVIIIe siècle Pierre Antoine Baudoin et François Boucher, ce goût si prononcé des Arts.
Ne nous en fait-il pas l'aveu lui-même : « Artiste par tempérament, écrit-il en 1929, autant que par atavisme, descendant de Boucher et de Baudoin, je me devais de consacrer mes loisirs à de timides essais archéologiques et aux Beaux-Arts, spécialement en ce qu'ils intéressent notre région ». Déjà, en 1907, le jour de l'inauguration de la statue du Maître Camille Saint-Saëns, au cours d'un discours fort spirituel, il avait bien voulu nous rappeler l'heureuse influence de ses parents : « Ma mère, comme la vôtre, disait-il en s'adressant au Compositeur cultivant les Arts, peintre de talent, elle était éprise de la nature et de ses spectacles grandioses. Elle aussi eût rêvé de faire de son fils un artiste, un peintre. Hélas ! J'ai mal tourné. Toutefois, le goût des arts qu'elle m'avait inspiré m'est resté ; le culte du Beau me passionne.»
C'est pour satisfaire ce goût, ce culte, que, devenu adjoint, en 1892, puis Maire de Dieppe en 1898, Camille Coche, s'efforcera d'embellir notre Cité, de la transformer, de l'assainir et de la fleurir.Lors de la célébration du Cinquantenaire de la société d’Horticulture de l’arrondissement de Dieppe, en 1938, Camille Coche ne fut pas oublié car c’est lui qui créa en notre ville la décoration florale vers 1900. C’est lui qui eut l’idée, dès cette époque, de plates bandes fleuries et de quelques massifs pour égayer le boulevard de Verdun, l’ancienne rue Aguado. Plus tard, ce furent les horticulteurs dieppois qui furent chargés des plantations avant la création d’un service municipal spécialisé disposant de serres. Il fit encore énormément pour le développement des jardins ouvriers.
Certes, ses initiatives hardies, ses conceptions nouvelles d'urbanisme, ses projets de construction ou d'aménagement, n'aboutiront pas toujours ; car il lui faudra à cette époque combattre les intérêts particuliers, la routine, la passion même. C'est ainsi que, par une trouée face à la rue des Bains, il envisageait de prolonger la rue Gambetta directement vers les Tourelles, le Casino, la mer… C'est ainsi que partisan résolu du projet Levallois-Bloch, il songeait à moderniser le quartier du Bout du Quai. En outre, il aurait voulu pour Dieppe un Hôtel de Ville digne de notre Cité, de son passé, et pouvant répondre aux besoins administratifs de l'avenir. Il rêvait aussi de doter la ville d'un réseau de tramways électriques. Il demandait pour le Pollet une place publique plantée d'arbres sur l'emplacement des anciens abattoirs, place qui aurait pu être utilisée à l'époque des foires. Sur la place Nationale, il préconisait l'installation de hallettes et l'aménagement d'un marché d'approvisionnement permettant le dégagement de la Grande-Rue. Il proposait la construction de salles de réunions pour les Sociétés locales.
Pensant à Chateaubriand qui fut notre hôte en 1782, 1812, 1830, 1835, 1837 et 1847, et dont le monument funèbre se dresse à Saint-Malo, face à la mer, sur la côte bretonne, il eut voulu que, sur notre plage, face à la mer aussi, reposât le tombeau de Duquesne qu’il qualifiait avec juste raison du « plus illustre des enfants de Dieppe » et « l'une des Gloires les plus pures de la Patrie ».
Sur cette même plage, laquelle, disait-il, « constitue l'un des plus beaux joyaux de la couronne de la France », il pensait élever un monument « à tous nos marins, à tous nos navigateurs qui ont illustré la Ville de Dieppe », et dont les exploits ne sont pas rappelés à Dieppe.
Si ces projets, si ces travaux furent, pour la plupart, repoussés ou ajournés, combien d'autres, par contre, purent se réaliser par la suite. Appropriation et construction d'écoles répondant aux nécessités de l'hygiène ; acquisition des terrains Duvoir qui, plus tard, permettront l'installation du stade Maurice Thoumyre et l'amorce d'un nouveau quartier.
Mais le plus grand mérite de l'ancien maire fut de réussir à faire acquérir par la Ville, et la Plage et le Château.
Dès 1894, à la nouvelle de la mise en adjudication, par les Domaines, de huit lots de terrain faisant partie de la plage, Camille Coche, au nom de l'administration municipale, fit entendre une vive protestation. La Ville était décidée à faire valoir énergiquement tous ses droits. Dans un « Mémoire » fort intéressant, fruit de longues recherches à travers nos archives, et de patientes études où l'on reconnaît le juriste éclairé et l'historien documenté, le distingué défenseur de la Ville expose clairement tous ses droits.
La lecture de ce « Mémoire » nous éclaire avec précision sur la naissance et les développements successifs de la Cité. Elle nous renseigne sur ses premières fortifications et leurs transformations à travers les siècles. C'est un chapître fort instructif sur notre histoire locale. Camille Coche dut lutter sans relâche pour obtenir satisfaction.
Pour lui, l'acquisition aux Domaines et aux Ponts-et-Chaussées de la Plage, celle du Château et le transfert du Musée dans le cadre idéal, formaient un tout indivisible.
D'abord, il fit déclarer d'utilité publique tous les terrains de la Plage, pour que, cédés à la Ville, celle-ci pût y entretenir convenablement une promenade publique que l'initiative heureuse de Napoléon III et de l'Impératrice Eugénie avaient en partie créée en 1853, qui fait tant honneur à notre plage, et que les générations futures auront à coeur d'embellir en lui conservant son intégrité territoriale et son aspect unique en France.
L'acte de cession était signé le 8 décembre 1898 par Camille Coche.
L'actif maire ne s'arrêta pas à ce premier succès. Comme il l'écrit dans une note adressée à la Commission Départementale des Antiquités : « Ce fut un premier échelon ». Et, narrant en détail l'histoire du rachat de la Plage, il ajoute :
« Mais qu'était la Plage sans le Château qui en est le couronnement ?
« Les circonstances étaient favorables. Une caserne venait d'être construite à Janval et le Château, jusque là utilisé pour l'usage de la Garnison, devenait disponible.
« L'installation du Musée de la Ville dans les salles du Château était un rêve entrevu, dont le manque de ressources devait forcément ajourner la réalisation. Je m'ouvris de ces projets à mon ami Milet (Conservateur du Musée et de la Bibliothèque), qui fut d'avis que rien n'était plus souhaitable.
« Fort de son avis, je me mis en campagne, et je fus bien inspiré en recherchant de puissants appuis. C’est alors aussi qu’ayant approché le docteur Coutan, je reçus de lui les meilleurs encouragements. Enhardi, je fus mis en rapport avec M. André Hallays, du « Journal des Débats », qui, en deux articles écrits ex-profession, eut vite fait de mettre sur pied nos desiderata. L’illustre Maître Camille Saint-Saëns et le peintre éminent Jacques-Emile Blanche, tous familiers de Dieppe, apportèrent leurs précieux concours. Entre temps, les députés et les sénateurs de la Seine Maritime s'étaient joints au Préfet, M. Hendlé, pour faire aboutir nos propositions. Les premières démarches entreprises furent couronnées de succès et l'expropriation, qui nous avait si bien servi une première fois, fut de nouveau mise en avant.
« Au mois d'octobre 1903, commençaient les premiers pourparlers avec les Domaines. Le 2 Février 1905 seulement était signé le décret d'autorisation. Lors des signatures officielles échangées le 14 Mars à Dieppe, la Ville dut verser 125.000 f. en 4 annuités. Mais le 20 suivant, Camille Coche recevait les clefs du Château.
« Or le Château, mal entretenu, avait besoin pour sa nouvelle destination de sérieuses réparations. C'est alors que Camille Coche obtint de l'Administration des Beaux-Arts une subvention de 50.000 f. Ils furent vite dépensés. Un nouveau projet d'aménagement du Musée, un nouveau devis élaboré par Ambroise Milet et par M. Lefort, architecte départemental des Monuments historiques, exigeaient une nouvelle dépense de 150.000 f.
« Hélas ! La Ville ne disposait pas, à cette époque, de ressources suffisantes. Il fallut attendre. A la suite d'un deuil cruel, Camille Coche abandonna la gestion municipale. Il transmit, heureusement à d'autres la flamme qui l'animait. Ecoutez-le terminer son historique :
« Comment s'arrêter en pareil chemin ? Mes successeurs à la Mairie de Dieppe, mes amis Fernand Rimbert d'abord, devenu par la suite député de Dieppe, et Benoni Ropert, de regrettée mémoire, n'eurent garde d’oublier à l'époque où ils étaient mes collaborateurs que nous avions une pensée commune : Le Musée au Château. »
« Plus heureux que moi, des disponibilités budgétaires leur ont permis de réaliser notre pensée et, le 9 juillet 1923, ils me conviaient à l'inauguration du Musée, sous la présidence de M. Paul Léon, Directeur des Beaux-Arts. Depuis lors, ils ont pu compléter leur oeuvre par l'acquisition du terrain qui, sous le mur d'enceinte du Château, a établi le trait d'union entre lui et la Plage. La Commission Départementale des Antiquités, dont Camille Coche faisait partie, qui avait, par ses voeux et son action, appuyé l'acquisition du Château pour le Musée, tint à lui exprimer toute sa satisfaction. Et, fait très rare dans ses annales, elle lui rendit un éclatant hommage en lui offrant une plaquette en argent décorée d'un personnage allégorique, oeuvre du graveur Ch. Pillet, portant à l'avers, à côté du coq gaulois, sur un cartouche, le nom du bienfaiteur de la Ville de Dieppe. »
Au sein de la Société « Les Amys du Vieux Dieppe », les hommages ne manquèrent pas à l'adresse du distingué Président. Les statuts ne prévoyaient pas la réélection des membres du Conseil d'Administration, leur mandat étant expiré. On modifia ces statuts. Il fut réélu. Mais il refusa sa réélection à la Présidence. Cependant, devant la flatteuse et sincère manifestation qui traduisait la volonté de toute l’assemblée reconnaissante, il voulut bien s'incliner. Et ce fut pour le plus grand profit de notre groupement local et celui de la Cité. Il continua, à la tête des « Amys du Vieux Dieppe », à s'intéresser à l'histoire et à l'archéologie dieppoise jusqu'en Avril 1922, date de son départ de Dieppe. « Notre tâche, disait-il, est de rechercher et de mettre en lumière les souvenirs du passé. Nous voulons les faire aimer et respecter parce que nombreux dans notre région. Ils constituent un patrimoine d'art que nous défendons. Ils sont aussi un enseignement qui doit être profitable à tous, nous cataloguons les vieux cailloux, disent les uns ; nous visitons de trop nombreux clochers, disent les autres. Laissons dire. Est-ce notre faute si nos belles églises offrent à nos regards émerveillés des silhouettes enchanteresses partout où nous arrêtons nos pas ? » Aux paroles, Camille Coche savait joindre les actes. La restauration de l'église Saint-Jacques, celle de ses carillons ou de ses cloches, furent l'objet de ses démarches et de ses soins, et il s'adressait toujours avec succès aux autorités compétentes ou sollicitait avec intelligence le concours des techniciens. Pour l'église Saint Remy il demanda instamment son classement comme monument historique de première classe. On lui doit l'aménagement dans une salle spéciale, au deuxième étage de la Mairie, des Archives municipales qu'il fit classer par Alexandre Bouteiller, bibliothécaire. L'impression d’un catalogue de ces archives fut même commencée par ses soins. Au point de vue artistique, il tenait à développer dans la ville le goût musical ; il était d’ailleurs membre du Conseil d'Administration de la Société Chorale : les « Enfants de Wilhem ». La Musique Municipale profita beaucoup de son actif patronage, et les expositions d’art qu’il présidait étaient assurées du plus grand succès.
Outre ses discours qui tenaient toujours les auditeurs sous le charme, il nous laisse un certain nombre de travaux historiques. Parmi ceux-ci, il convient de citer : les fontaines de Dieppe ; les eaux de source de Saint-Aubin-sur-Scie et l'aqueduc du fontainier Toustain. la cloche de Carency, le Château de Dieppe, l'église Saint-Jacques, une notice descriptive d’une excursion à Fécamp, une notice sur Alexandre Dumas, sur l'abbé Loth, sur le Docteur Lhermîner, sur la vie et l'oeuvre de Louis Vitet, etc.
Quand, en 1937, les Amys du Vieux Dieppe commémorèrent le 25ème anniversaire de leur fondation, ils se firent un pieux devoir de convier Camille Coche à leur cérémonie. Le Président-Fondateur, retenu à Paris par la maladie ne put qu'adresser à ses anciens amis un affectueux et encourageant souvenir. Ce jour-là, les sentiments de reconnaissance jaillirent spontanément à l'adresse de l’absent, dont les mérites furent éloquemment rappelés.
Le nom de Camille Coche a été donné, à Janval, à la voie desservant le lotissement derrière la caserne Duquesne, suite à une délibération municipale en date du 16 mars 1960.