> Historique des Amys du Vieux Dieppe
Les Grands ancêtres ou les Amys du Vieux Dieppe du XVIIe au XIXe
C’est Edouard Le Corbeiller qui, sous ce titre “Les Amys du Vieux Dieppe aux XVIIe et XVIIIe Siècles”, publie dans le bulletin A.V.D. 1922 (n° 3 et 4, Fasc XIV) une étude sur nos prédécesseurs. Non, il n’y avait pas à cette époque d’Association semblable à la nôtre, mais Edouard LE CORBEILLER nous dit “qu’on peut bien regarder comme nos prédécesseurs les bons Dieppois qui, réunissant les souvenirs de leurs pères aux leurs pour le présent, et s’aidant des imprimés et des manuscrits pour le passé, voire même allant fouiller les archives municipales ou ecclésiastiques, écrivaient les annales de leur cité. Ce sont bien aussi nos prédécesseurs ceux qui copiaient tout simplement les ouvrages trouvés chez un parent ou un ami. Copier un manuscrit d’une centaine ou de plusieurs centaines de pages dénote, il me semble, un assez grand amour de son sujet.”
L’auteur passe en revue tous ces travaux manuscrits dont on retrouve un certain nombre au Fonds ancien de la Bibliothèque, et dans lesquels nos prédécesseurs ont fait oeuvre d’historiens.
Eric Barré (Les sources d’Histoire maritime dans les manuscrits de la Médiathèque Jean Renoir (Bulletin AVD 1998 fasc CVI) nous a donné une vision très précise de la richesse de ces archives.
Il est d’ailleurs bien heureux que tous ces manuscrits aient pu nous être conservés, car, chose étonnante, à part Desmarquets qui a fait imprimer son livre en 1785, il faudra attendre le XIXe siècle pour voir imprimer les travaux d’Asseline, de Guibert ou de Jean Daval, et même le XXe siècle en ce qui concerne le manuscrit de Lazare Bichot.
Mais, si Edouard Le Corbeiller ne porte son attention que sur le XVIIe et le XVIIIe, le XIXe siècle n’est pas en reste avec des personnalités telles que P.J. Féret, Amédée Féret, ou encore l’Abbé Cochet.
Des Associations plus ou moins éphémères ont pu exister. C’est ainsi que, dans un compte rendu publié en 1920, il est fait mention du don aux Amys du Vieux Dieppe de “deux bulletins de la Société archéologique de l’Arrondissement de Dieppe, l’un de 1826, l’autre de 1828.”
Je possède un vieux registre préservé de la destruction, sur les pages duquel un anonyme a, pendant 13 années consécutives, de 1856 à 1869, collé soigneusement tous les articles parus dans la presse locale et intéressant l’histoire de Dieppe et de sa région. N’était-ce pas, là encore, un Amy du Vieux Dieppe avant la lettre ?
Les Amys du Vieux Dieppe, lorsqu’ils se sont constitués en Association dans le moule de la loi du Premier Juillet 1901 pour constituer une personne morale dont nous célébrons aujourd’hui le quatre-vingt-dixième anniversaire, n’ont donc fait que poursuivre une tâche engagée par cette foule d’historiens plus ou moins talentueux, connus ou non, mais tous animés par le désir de conserver pour les générations futures la trace de ce passé si fugace.
Les Fondateurs de l’Association et leurs objectifs
En 1894,Camille COCHE, alors adjoint au Maire de Dieppe, avait déjà montré son intérêt pour l’histoire locale, tout autant que pour l’avenir et le développement de sa ville, en rédigeant un “Mémoire pour servir à l’étude de la question de la plage de Dieppe” comportant 1° : un historique de la propriété des fortifications et de la plage de Dieppe, 2° : un exposé des droits de la Ville sur sa plage et ses fortifications, le tout dans le cadre d’une discussion avec l’administration des Domaines.
Camille COCHE, étant Maire de la Ville de Dieppe du 3 Décembre 1898 au 21 Septembre 1910, fait procéder à l’acquisition par la Ville du Vieux Château de Dieppe, en cours de démilitarisation. Mais que faire de cet édifice ? Une ruine romantique recouverte de lierre pour faire plus joli, un hôtel, un sanatorium, un Musée ! (Impartial de Dieppe du 22 Janvier 1913).
Camille COCHE, qui se passionne pour le devenir de sa ville, exauce le voeu formulé par la Commission des Beaux Arts de la Ville de Dieppe dont il est d’ailleurs l’un des membres, et qui se préoccupe en premier lieu du devenir du Château. C’est ainsi qu’une commission provisoire est créée pour rédiger les statuts de la future Association. Cette commission comprend, outre Camille COCHE, Avoué installé à Dieppe, Quai de Lille, BENET Avocat, Ambroise MILET Conservateur du Musée et de la Bibliothèque, SANSON, Gustave LAVIEUVILLE, Principal du Collège municipal après avoir été Directeur de l’Ecole d’Hydrographie de Dieppe, Georges LEBAS, publiciste aux nombreuses activités, et Robert DUFRESNE qui, après avoir demeuré au Château Michel, a aménagé le Manoir de Calmont ou il réside.
Le journal L’ECLAIREUR du Samedi 27 Juillet 1912 annonce que la nouvelle Association des Amys du Vieux Dieppe s’est pourvue d’un bureau ainsi constitué “Président : Camille Coche, Vice Président : Lavieuville, Secrétaire : Fernand Miellot, Secrétaire adjoint : Robert Dupont, Trésorier : Quesnot, Membres du bureau : Robert Dufresne, Comte Costa de Beauregard, Henri Cahingt, Georges Lebas.”
Cette Association a pour objet:
1) La défense et la mise en valeur des Meubles et Immeubles concernant l’histoire de Dieppe et de la région.
2) La création d’un centre de relations et d’études entre les Amys du Vieux Dieppe, l’utilisation pour tous des travaux et recherches de chacun, le contrôle de ces recherches.
3) L’accomplissement de toutes démarches auprès des pouvoirs publics, des autorités de tous ordres, et administrations publiques et privées.
4) L’amélioration du Musée et de la Bibliothèque de la Ville de Dieppe.
Tout est dit !
Très libéralement, les statuts prévoient que “les dames peuvent faire partie de l’Association”, et même que “les dames adhérentes jouiront des droits d’électorat et d’éligibilité”. Ce qui témoigne d’un esprit résolument moderne quand on sait que ce n’est qu’en 1945 que les femmes pourront enfin bénéficier de la plénitude de leurs droits civiques.
Il faut dire, pour reprendre les termes employés par l’Impartial de Dieppe du 6 Mars 1912, que “la politique n’a pas le droit de fourrer son nez – quoiqu’il soit long – dans cette affaire. Les Dieppois rassemblés d’après une liste formée à la hâte, appartenaient à toutes les nuances de l’opinion. L’incroyant y coudoyait la soutane. On était sur un terrain neutre, plus élevé que celui des débats personnels inspirés par l’ambition. Un lien unissait les esprits : celui du respect des antiquités artistiques qui sont la gloire des petites patries.”